Satiricon, Pétrone (éditions Les Belles Lettres, 2006) traduits et commenté par Olivier Sers

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« XXXI Grandement obligés d’une si haute faveur, nous entrions dans la salle à manger lorsque ce même esclave pour qui nous venions de solliciter courut vers nous et nous bouscula stupéfaits sous une avalanche de baisers, rendant grâce à notre humanité et nous disant :

Pour le coup vous allez savoir de suite à qui vous avez rendu service. Le merci du serveur c’est le vin du patron.

Enfin nous nous mîmes à table. Des esclaves d’Alexandrie nous répandirent sur les mains de l’eau de neige, suivis d’autres qui nous récurèrent les ongles des pieds, ôtant les peaux mortes avec une extraordinaire délicatesse. Loin d’accomplir en silence leur incommode besogne, ils officiaient en chantant. Comme je commandai à boire pour voir si tous les serveurs chantaient de même, un garçon stylé s’empressa de me régaler en me servant d’un morceau moins strident, et, quoi qu’on demandât, tout en faisant autant. On eût cru un choeur de pantomime plutôt que le personnel de salle d’une maison de maître.

Tout le monde s’étant mis à table, sauf Trimalcion lui-même, à qui, selon une mode nouvelle, était réservé la place d’honneur, on apporta un hors-d’oeuvre de grande classe : sur un plateau à apéritifs était exposé un ânon, un bronze de Corinthe, qu’on avait bâté d’un bissac contenant d’un côté des olives vertes, de l’autre des noires. Le bronze était abrité sous deux plats portant gravés à leur bordure le nom de Trimalcion et leur poids d’argent.Il y avait aussi un réseau de petites passerelles encastrées supportant des loirs saupoudrés de miel et de pavot, et puis encore des saucisses rôties sur un gril d’argent, avec sous le gril des prunes de Syrie et des pépins de grenades de Carthage.  »

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